Zoom sur l’industrie textile !
En 2022, la Semaine Européenne de Réduction des Déchets a choisi le textile comme thématique. Nous vous proposons donc un tour d’horizon des questions que la fast fashion et maintenant l’ultra fast fashion soulèvent : les chiffres de la pollution, les conséquences sociales mais aussi l’obsolescence psychologique, la prime au vice et bien sûr les solutions !
Le problème n°1 : la surproduction et la surconsommation
Chaque année les français.e.s achètent 2,8 milliards de vêtements, soit en moyenne 41,2 vêtements par habitant.e. Cela vous paraît sans doute complètement dingue et pourtant, il s’agit bien de la moyenne nationale.
Les chiffres de la pollution :
– Dans l’industrie textile, ce n’est pas le transport qui produit le plus de gaz à effet de serre (il représente 2 % des émissions d’après la Fondation Ellen MacArthur). C’est la production de textile en elle-même qui en génère le plus, notamment au moment de la transformation de la matière, naturelle ou synthétique. Elle émet près d’1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre par an
– Pour confectionner un jean, il faut environ 7 500 litres d’eau, soit l’équivalent de toute l’eau bue par un être humain pendant 7 ans (source : ONU).
– Bien que la superficie cultivée en coton ne couvre que 3% des terres agricoles de la planète, elle utilise 16% de tous les insecticides consommés dans le monde.
– 20% de la pollution des eaux industrielles dans le monde proviendrait du traitement et de la teinture du textile.
– Un camion benne de textiles est mis en décharge ou incinéré toutes les secondes dans le monde (source : fondation Ellen MacArthur).
– Rejetés au cours du lavage de nos vêtements, 500 000 tonnes de microplastiques finissent chaque année dans les océans, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles (source : ADEME).
Les matières :
Les microplastiques amènent un point sur les matières. Selon France Nature Environnement, 40 millions de tonnes de tissus en polyester sont produites chaque année. Elle représente près de 70 % des fibres chimiques fabriquées dans le monde. Or, elle n’est pas naturelle et provient du pétrole, ce qui pose des problèmes de santé pour notre peau, d’énergie lors de la transformation, de pollution au lavage et de fin de vie du vêtement car les solutions de recyclage ne sont pas optimales. Une matière vraiment magique !
Les conséquences sociales : derrière un tee-shirt neuf à 10€ se cache un.e travailleur.euse pauvre !
Dans la plupart des pays d’Asie où se situe la production textile (Bangladesh, Vietnam, Indonésie, Cambodge et Inde), le salaire minimum est inférieur à 1$ de l’heure. Selon le collectif « Ethique sur l’étiquette », dans le secteur textile, le salaire mensuel de la main d’œuvre bangladaise est en moyenne de 80 euros et ne permet pas aux travailleurs.euse.s de subvenir à leurs besoins.
La prime au vice :
Concept dont on commence à parler dans la mode. Il s’agit de l’idée qu’il y a un avantage compétitif à mal faire. Plus les multinationales produisent dans des pays où il n’y a pas de protections sociales et/ou environnementales, plus elles prolifèrent par rapport à leurs concurrents plus vertueux. Cet avantage tend à se creuser de plus en plus.
L’obsolescence psychologique :
Changement de mode, multiplicité des modèles sur les plateformes, notifications abusives… l’ultra fast fashion prospère sur la croissance des ventes en ligne et du marketing d’influence sur les réseaux sociaux. Ils inondent ainsi le marché de centaines, voire de milliers de nouveaux produits chaque semaine, qu’ils vendent à des prix extrêmement bas. Et bien sûr, un nouvel habit nous rend plus beau et plus heureux !
Enfin et promis on s’arrête là : les animaux ne sont évidemment pas épargnés dans ces industries. Mohair, laine, cuir… à partir du moment où la « matière » provient d’un élevage intensif, on peut être certain.e que l’animal a souffert.
Les solutions à portée de main !
– On commence par consommer moins mais mieux. Notre meilleure action est de bien choisir nos vêtements, leur matière, leur provenance pour ensuite les faire durer, les réparer ou les remettre aux goûts du jour par de petites transformations !
– Le seconde main : oui mais local ! Ressourceries, Emmaüs, Secours populaires… sont les lieux à privilégier pour soutenir des projets solidaires. Vous pouvez ensuite choisir des friperies en regardant si elles achètent bien leurs vêtements à l’unité. Cela veut donc dire qu’il faut éviter les mastodontes qui achètent les vêtements par ballots venant de toute l’Europe ou les applications en ligne poussant à la surconsommation.
– Le Défi rien de neuf est une initiative de Zero Waste France. C’est un bon outil pour faire le point sur l’impact de sa consommation et trouver des alternatives.
– Lors de votre achat, privilégiez les matières naturelles (coton, lin, chanvre…), surtout si elles sont bio. C’est un geste important pour limiter la pollution de l’eau lors du lavage et faire attention à votre santé.
– Le surcyclage : cette façon de créer, aussi appelée upcycling, permet de transformer les textiles existants pour lutter contre leur incinération ou leur envoi à l’étranger. De nombreuses marques rennaises proposent de faire du beau avec de l’ancien !
– La mode durable : elle permet d’avoir une traçabilité totale de la matière et de la fabrication du vêtement. Il n’est pas toujours simple de s’y retrouver mais pour cela vous pouvez vous appuyer sur des labels comme GOTS (le plus exigeant), Organic 100 Content Standard (OCS 100 : labellise les produits non alimentaires contenant 95 à 100 % de matières biologiques), Fairtrade et Fairwear (commerce équitable)…
– Vous pouvez également suivre les mobilisations actuelles :
En mode climat, collectif d’entreprises qui se bat pour une régulation du marché via notamment cette pétition
Fashion Revolution, qui organise notamment la Fashion Revolution Week
Éthique sur l’étiquette, qui défend les droits sociaux des travailleur.euse.s du textile
Et sans doute bien d’autres !
Pour aller plus loin :
Le dossier d’OXFAM sur les impacts de la fast fashion et de la slow fashion
L’émission de Paloma Moritz sur Blast : Comment s’habiller sans détruire la planète ?