Le sac à dos écologique de nos objets
Ce mois-ci, nous avions envie de vous parler de ressources car l’impact des objets a longtemps été analysé en fonction des émissions de CO² qu’ils produisent lors de leur usage ou en fin de vie (ma voiture est-elle polluante ? quel est l’impact du recyclage des vêtements ?…). Or, au-delà de l’usage que nous en faisons, nos objets possèdent dès leur production un sac à dos écologique , c’est-à-dire, un poids caché qui pèse sur la planète et les ressources naturelles. Petite explication :
Depuis les années 90, l’indicateur MIPS (mesure de la quantité des Matières Indispensables Par unité de Service) développé par l’Institut Wuppertal en Allemagne permet de mettre en lumière les dégradations environnementales impliquées dans la production des marchandises et des services. Cette méthode propose de regarder ce qui entre dans un objet (son sac à dos écologique) plutôt que ce qui en sort. Un renversement complet de perspective qui questionne pour de vrai les ressources que nous utilisons au quotidien et toutes celles qui pourraient être préservées.
Cette méthode prend en compte l’ensemble du cycle de vie d’un objet : par exemple, un tee-shirt produit en Inde va, certes, utiliser 200 g de coton (et même bien plus) et induire des transports mais il provoque aussi l’usage de pesticides, l’appauvrissement des sols, l’utilisation d’une électricité dépendant du charbon et donc l’abattage de forêts, la pollution de l’eau due aux pesticides et teintures chimiques, du carburant, un recyclage ou une incinération énergivore selon sa fin de vie… Ainsi, le MIPS évalue l’ensemble des ressources mobilisées et déplacées durant la fabrication, l’utilisation et le recyclage d’un objet… et les transforme en poids pour la nature : les ressources renouvelables (végétaux) ou non (minerais, sable, pétrole…), les mouvements de terrain générés, l’eau et les produits chimiques consommés, l’air contaminé…
Par exemple :
– un smartphone pèse entre 100 et 300g mais son sac à dos écologique représente environ 70 kg de matières.
– un tee-shirt de 200g représente 10kg soit 50 fois son poids
– pour un ordinateur de bureau, il faut compter 1,3 à 1,5 tonnes.
– le litre de jus d’orange a un sac à dos d’une tonne.
– pour une bague en or de 5g, il faut compter 2 tonnes !
Paradoxalement, dans l’ère numérique, plus on « dématérialise », plus on utilise de matière. Plus on miniaturise et complexifie les composants, plus on alourdit leur impact sur l’environnement.
Heureusement, il existe des solutions pour agir et faire autrement :
– questionner nos besoins (coucou la méthode BISOU)
– faire durer nos objets grâce à la réparation, la transformation, l’upcycling qu’il s’agisse des appareils électriques mais aussi de nos meubles, nos vêtements…
– acheter d’occasion ou de façon reconditionnée car ce produit a déjà “dépensé” son sac à dos écologique.
– s’inscrire au « Défi Rien de Neuf » de Zero Waste France pour partager plein de bonnes idées.
Si vous souhaitez en savoir plus, l’ADEME propose une infographie très ludique par ici :
http://multimedia.ademe.fr/infographies/infographie-poids-carbone/